Peu importait que Winston soit Premier Lord de l’Amirauté ; aux réunions du Conseil de Guerre, chacun de ses projets était questionné, décortiqué. Ils ne veulent pas se battre ! Neville et Halifax voulaient que Hore-Belisha quitte le gouvernement parce qu’il était juif et que sa présence était compromettante. Aux yeux de qui ! Parfois Winston se levait en plein milieu de la nuit et rôdait dans la bibliothèque, scrutant des cartes. Ça menaçait ; c’était le singe, le Chien Noir. S’il dessinait des lignes entre chaque vaisseau allemand, découvrirait-il sa nouvelle forme ? La nuit plus qu’à aucun autre moment il sentait sa présence, ça se frottait contre l’Amirauté, contre toute l’Angleterre ! Endormi, il se voyait lutter sur une plage avec la bête informe. Il suffoquait mais il ne lâcherait pas prise. Non, c’est au concret qu’il devait faire face : les mines magnétiques, les sous-marins, le transport de davantage de divisions vers la France ! Et pourtant, c’était dans ces moments de la nuit, quand il se sentait de quart dans un silence étouffant, et avait du mal à s’empêcher de crier debout ! réveillez-vous ! qu’il était le plus proche de ce qu’il savait être réel. Suis-je somnambule ? Maintenant je vois !

Traduit de l’anglais par Claude Jeanneau

Ce roman retrace la vie de Winston Churchill jusqu’à son apogée, en 1940, quand l’Angleterre résistait seule à l’Allemagne nazie. Comment se fait-il que ce descendant du premier duc de Marlborough, ce fils d’un ministre partisan de l’eugénisme, ce soldat et correspondant de trois guerres coloniales, cet amateur de polo et de whisky, soit devenu le prophète qui rassembla les Anglais pour faire face au mal qu’incarnait Hitler ? Et que lui-même soit devenu l’incarnation de la dignité et de la résistance ? Dans ce récit épique, Samuel Astrachan s’est attaché à dessiner à traits vifs une esquisse de Winston Churchill. Ou plutôt à croquer les moments forts de sa vie, ceux qui révèlent l’homme d’exception.

150 pages.