Sorgue n°2 - Christian Gabriel/le Guez Ricord
Ce numéro est consacré au poète Christian Guez Ricord, l’une des figures les plus énigmatiques, les plus fortes, de la poésie de la seconde moitié du xxe siècle. Né en 1948 à Marseille, il reçoit à dix-sept ans le prix Paul Valéry. Au moment de la parution de Cènes dans le Cahier de poésie (Gallimard, 1976), Pierre Oster salue le jeune poète en ces termes : « On peut tenir, je tiens que l’une des plus pures apparitions qu’il nous ait été donné d’observer en dix ans dans l’ordre du poétique et à l’horizon de notre langue est celle de Christian G. Guez Ricord. » Très tôt il a mis en chantier plusieurs cycles de poésie qu’il poursuivra jusqu’à sa mort dont un ensemble de tercets (La couronne de la Vierge) — le « fragment » le plus accompli est sans doute Neumes (André Dimanche) —, et un impressionnant poème composé de vers de vingt-et-un pieds (Le cantique qui est à Gabrielle), dont la première partie, Maison Dieu, paraît chez Granit en 1982. Il invente pour ce second ensemble une métrique « difficile, audacieuse, folle peut-être » (Pierre Oster). Son inspiration puise dans une thématique religieuse enrichie par une grande connaissance du symbolisme qui se nourrit de ses visions et hallucinations. Car ce poète hors normes, qui se situe résolument en dehors des courants poétiques dominants de son temps et qui a fortement impressionné ses contemporains, d’Yves Bonnefoy à Bernard Noël en passant par Michel Deguy ou Salah Stétié, souffre de troubles mentaux importants. Il meurt à Marseille, en juin 1988. Ce numéro se compose de témoignages et d’études de poètes amis, d’inédits et de la reproduction de toiles qu’il peignit. Il constitue à ce jour le premier numéro de revue qui lui soit consacré.