Poussières et royaume
Traduit du bengali par l'auteur et Luc Grand-Didier L’aspect de l’aube
Prières, murmures, formules magiques. Dans la chambre même, juste à côté. Dehors, depuis un certain temps déjà, la complainte monotone d’une pluie fine : autre prière.
L’aube s’annonce, déjà, en lisière de la nuit d’hiver. Mais dans mon esprit, tous mes voyages sont reportés. Ruminer, ruminer seulement, encore et encore, le souvenir de ce que j’ai fait hier, avant-hier, certains soirs du passé, lointains ou proches.
Sans cesse le marmonnement des prières, chapelet de sons inlassablement répétés, ramène mon esprit mi-éveillé, mi-endormi, à l’Un, à l’éternel, ou à de semblables abstractions. Musique continue, en marche vers l’extinction de toute diversité : couleurs, jouissances, paysages.
Or, celle qui dit la prière, c’est l’aimée elle-même, paradis ultime de mes rêves, de mes passions.
Ainsi la terre et l’aspect de l’aube, aujourd’hui. Dans ces treize textes poétiques, Lokenath Bhattacharya poursuit l’exploration de son monde intérieur entrepris avec Pages sur le vide (Fata Morgana, 1976, 1987), qu’Henri Michaux avait aidé à publier.
La culture indienne, classique et populaire, transparaît ici. Mais c’est en poète tel que l’Occident l’entend que Lokenath écrit.
Plus présentes que jamais : la figure de l’aimée, l’attente de sa venue. Edition bilingue. 90 pages. Tirage de tête sur vélin de Lana, comportant une lithographie de
Jean-Michel Riard. Prix : 53 euros