Peut-être des lis
Heureusement, il me reste un pronom.
Ai-je mesuré de ton vivant
ce que peuvent deux ou trois lettres,
une syllabe, des sons ?
Je m’adresse à toi et je conjure
ce que malgré elles conservent de dur
ces lettres : je te dis « tu »
et c’est comme si au creux des paumes
je tenais de l’eau fraîche irrésistiblement,
et que tu t’approchais
pour la boire, vivante, à délicieuses gorgées.
Dans cet ouvrage Judith Chavanne rassemble 5 courts recueils de textes poétiques autour de la figure de la mère, de sa mort : Une syllabe, Stations, Legs, Feu les regards, Envoi.
Avec une économie de moyens, une sensibilité vive, la justesse des mots, Judith Chavanne s’avance vers l’expérience de la mort, du souvenir et de l’absence.
Photo : D.R.
Née en 1967, Judith Chavanne vit et enseigne les Lettres en Ile-de-France. Elle a soutenu en novembre 2001 une thèse de doctorat sur l’ouverture dans l’oeuvre de Philippe Jaccottet (Philippe Jaccottet : une poétique de l’ouverture, 2003, éditions Seli Arslan). Son premier recueil de poésie, Entre le silence et l’arbre (Gallimard, 1996), a reçu les prix de la Vocation et prix Louise Labé. Elle a également fait paraître La douce aumône (Empreintes, 2002) et Le Don de solitude (L’arrière-Pays, 2003). Judith Chavanne collabore à plusieurs revues (La Sape, Le Nouveau Recueil, Scherzo, Arpa, Sorgue, Rehauts…). Sous forme d’articles et de préfaces, elle a publié des études sur les oeuvres de Pierre Dhainaut, Pierre Voélin, Philippe Jaccottet…