Le tour du monde en deux mille Butterfly
La vie de Tamaki Miura, cantatrice japonaise (1884-1946) Tamaki se vit donc proposer sur le champ de donner deux mélodies japonaises — on s’accorda sur Sakura (Les cerisiers en fleur) et Hotaru (Les lucioles) — dans le cadre de cette soirée à laquelle participerait également… Adelina Patti ! Tamaki, qui n’imaginait même pas que cette légendaire cantatrice qui, du temps où elle étudiait au Japon, lui était présentée dans ses cours d’histoire de la musique comme la reine de l’art vocal au dix-neuvième siècle, était encore de ce monde (Patti est alors âgée de soixante-et-onze ans, et ce sera de fait sa dernière apparition en scène), est au comble du bonheur et de la stupéfaction : paraître sur la même scène que la Patti ! Cela dit, généralement rapide à intégrer les situations nouvelles, Tamaki ne tient pas du tout à faire ses débuts dans deux bluettes japonaises, ou du moins pas seulement : elle souhaite vivement donner également son propre cheval de bataille, Caro nome, qui vient après tout d’impressionner si favorablement un maître aussi averti que Sir Henry Wood. Lady Churchill est horrifiée : donner Caro nome devant la Patti, dont ce fut là l’un des plus grands titres de gloire, alors même que l’âge contraint l’illustre cantatrice à se contenter de l’air de Cherubino, Voi che sapete, c’est impensable ! Plus obstinée qu’une matrone victorienne, Tamaki fera plier jusqu’à l’inflexible Lady Churchill, et obtiendra de chanter son air favori. Seule concession à la susceptibilité de Patti : le programme imprimé ne comportera, concernant Tamaki, que la seule mention des deux mélodies japonaises. Michel Wasserman retrace ici la vie de Tamaki Miura (1884-1946). Tamaki fut tout à la fois une pionnière dans les échanges artistiques Japon-Occident, une cantatrice de grand talent et une femme de tête qui choqua la société nippone par sa liberté. Ce livre, qui se lit comme un roman, retrace le destin de cette femme exceptionnelle.
Cet ouvrage contient un extrait de la nouvelle inédite de Yukio Mishima Le Papillon.
96 pages.