L'énigme de la rose
La beauté de la rose se déploie dans une inviolable unité.
Selon son histoire biologique cette fleur fut une graine qui dut se briser pour engendrer ses nombreuses richesses — évoluant du simple au multiple par divisions contrôlées et par rassemblements. Mais prise sous l’angle de la beauté, ce tissu de lumière est indivisible. Un souffle unique nous en livre les modulations qui sont moments d’une plénitude.
L’ultime repos de la grâce, voilà ce que l’homme intérieur, au plus secret de son élan, quête. Il l’exprime par le langage, seul adéquat, du beau. L’esprit, l’âme, le corps veulent s’unir à l’incommensurable perfection. En quelque façon le poète devient un avec sa rose infinie.
Elle lui parle du grand secret de son âme en attente, en travail, en gémissement d’un enfantement à la communion.
Pour seule énigme : un chemin d’orties. « Comprendre, dans l’ordre de la beauté, c’est entrer dans le champ d’une aimantation, devenir passivité, pourtant créatrice. Ici l’esprit est happé par le haut. Cette feuille de mimosa, minuscule dans ma main, me fait accéder par ses évocations à une immensité. Un univers s’ouvre à moi, où je suis hôte infime, fasciné par le prodige qui me saisit, à l’écoute de secrets familiers où se livrent voilés les plus étranges trésors du monde. Tandis que tout à l’heure prenant le monde sous l’angle de la science je le tenais dans l’obéissance à mes lois, à présent la beauté me tient, heureux vaincu, dans l’évidence de son mystère, l’illumination d’un indicible qui m’ouvre à l’éternel. »
Cet ouvrage rassemble une vingtaine de courts textes poétiques qui sont autant de méditations sur la beauté et l’art.
« Simone Weil aurait aimé ce livre, j'en sûr. » Christian Bobin
64 pages.