Catalogue
 

Dans les jardins de la Marquise

Date de sortie : 1999
Samuel Astrachan
Prix : 14.7 €
ISBN/EAN : 9782909201269

Je m’habille pour assister au lever dominical de la Marquise où j’ai l’intention de présenter ma découverte, Claire, que tout le monde ici appelle « Miss Muzik ».
Je mets mon uniforme du camp, chemise et jupe, rayé bleu et blanc, étincelant comme neuf ; mes chaussures de cuir noir à lacets brillent. Je me regarde de pied en cap dans le miroir. Des photos d’hommes et de femmes, jeunes et vieux, ornent le cadre. Je n’ai aucun souvenir de mes parents, mais ainsi ai-je créé toute une famille.
Louis sera présent au lever. Il ressemble tellement à la Marquise qu’on le dit son fils. D’autres assurent qu’il a été son amant. Louis a l’habitude de s’approcher de mon lit d’un pas furtif à la manière d’un cheik rendant visite à une concubine jadis favorite ; je me demande s’il est vraiment espionné. En tout cas, sa façon de faire l’amour est louche, tordue. D’ailleurs, plus rien ne me surprend. J’ai entendu Elias, le nain, se vanter d’avoir tué un homme d’un seul coup ; il montra le tranchant de sa main comme il arrive à un amant d’exhiber son membre avant de passer à l’acte.

Traduit de l’anglais par Claude Jeanneau

Autour de la marquise se presse un petit groupe d’obligés et de serviteurs : Claire, la musicienne, Margaret, qui fut d’abord internée dans les camps de l’Ennemi, Maurice, Louis... Car, les jardins de la marquise, plantés de thym et de romarin, fleurissent dans un camp de concentration, à proximité de ces fours que les nains alimentent nuit après nuit, où ils transforment les dents en or. Mais les grondements de l’artillerie de l’Ennemi grandissent. Les événements se précipitent.

128 pages.

Samuel Astrachan

Photo : Claude Jeanneau

Né en 1934 à New York, dans une famille juive originaire de Russie, Samuel Astrachan publie à 22 ans un premier roman, An end to dying, qui sera salué par la critique et notamment Lionel Trilling. Il reçoit une bourse de la Rockefeller Foundation, voyage au Mexique et en Europe. Devenu professeur de littérature, il poursuit une œuvre remarquée, publiant notamment Katz-Cohen, qui met en scène la destinée de deux familles de Juifs new-yorkais. Il épouse Claude Jeanneau, sculpteur, en 1960 et vit désormais une partie de l’année en France, dans les Alpilles puis à Gordes. En 1994, les éditions le bois d’Orion ont débuté l’édition de ses livres en français, dont Malaparte à Jassy, Hôtel Sevilla. Rockaway Beach 1947, Treife… Son œuvre exigeante, grave et puissante, reste comme l’une des plus saisissantes de cette génération d’écrivains qui émergea dans les années 50 à New York. Samuel Astrachan est mort le 5 août 2012 dans le Vaucluse, où il résidait depuis plusieurs années, à l'âge de 78 ans.